Les autorités guinéennes par le canal
du procureur général près le tribunal de première instance de Kankan
ont, pour la première depuis l’avènement des violences qui ont émaillé
le double scrutin très controversé du 22 mars 2020, reconnu le lourd
bilan de 30 morts enregistrés.
Deux
mois après, le parquet général de Kankan a indiqué mardi sur la
télévision nationale que les violences survenues à Nzérékoré, l’une des
plus grandes villes de la Guinée autour du double scrutin du 22 mars
organisé par le pouvoir mais boycotté par l’opposition, ont fait 30
morts au total, 57 personnes interpellées et 44 placés sous mandat de
dépôt à Kankan.
30 morts selon le gouvernement, plus de 60 morts selon le FNDC
En
effet, pour le procureur général de Kankan, la responsabilité du FNDC
ne fait aucun doute dans les violences survenues à N’zerekore : « Au
cours d’une réunion tenue par des éléments du FNDC à Nzérékoré le 19
mars, il a été question de reconduire leur plan, il consistait au
déploiement des groupes armés, dont certains venus du Liberia et
d’autres de Conakry. Ces événements ont enregistré 30 morts (…) Ce sont
les responsables locaux du FNDC qui ont planifié les violences et attisé
les tensions entre communautés, fournissant le prétexte à
l’intervention de groupes armés payés par le collectif et venus du
Liberia pour certains, de la capitale Conakry pour d’autres, a-t-il dit.
Les autorités ont emprisonné 44 suspects poursuivis pour meurtres,
incendies volontaires ou association de malfaiteurs. La justice
s’emploie à ce que le procès ait lieu le plus rapidement possible », a
détaillé Yaya Kairaba Kaba à la télévision nationale
Si
du côté du gouvernement c’est le triste bilan de 30 morts qu’on évoque,
du côté du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), la
plate-forme qui regroupe en son sein, société civile, partis
politiques, ONG et Syndicats, a fait état d’au moins 66 personnes
tuées à Nzérékoré à coups de machette, de fusil et même dans les
flammes, et de 119 dans tout le pays. Il a accusé le parti présidentiel
de ces exactions.
Le
15 mai dernier, le collectif des ONG de défense des Droits Humains,
quant à lui, dans une conférence de presse dans le cadre de la
présentation de son rapport d’enquête sur les exactions commises à
N’Zerekore, a indiqué dans son rapport un bilan de 36 personnes tuées
lors des violences « À la suite de ces enquêtes menées dans la commune
urbaine de N’Zérékoré, un bilan humain et matériel lors de ces
affrontements a été dégagé par les enquêteurs. Ce qui donne un nombre
total de 36 personnes tuées, 129 blessées, 127 autres arrêtées et 83
bâtiments incendiés ou détruits, mais aussi des engins, boutiques,
salons de coiffure, ateliers et autres installations vandalisées dans
les différents quartiers », pouvait-on lire dans ce rapport de l’ONG de
défense des droits humains.Les Etats-Unis demandent une enquête transparente
Dans
un communiqué publié le 30 mars 2020, l’ambassade des Etats-Unis en
Guinée a déploré « les divisions politiques » entraînées en Guinée par
le très contesté double scrutin du 22 mars dernier. Elle a demandé une
enquête transparente et rapide sur tous les cas de morts liés aux
manifestations et estime qu’un procès de tous ceux qui sont impliqués
dans ces affaires, s’avère indispensable en vue de rétablir la
réconciliation et l’arrêt du cycle de violences.