Les
militaires invalides de la Zone militaire N° 7 ont saisi l’occasion de
la première édition de la journée de solidarité, qui leur est dédiée,
pour étaler leurs griefs liés entre autres aux difficultés de prise en
charge médicale et à la faiblesse de leurs pensions.
La
journée de solidarité avec les armées a donné lieu à une séance de
questions-réponses entre les militaires invalides et blessés et
notamment le lieutenant-colonel Mamour Dieng médecin-chef du Centre
médical interarmées (CMIA).
Les
invalides ont exposé de manière parfois crue, leurs doléances, liées
surtout à la pénibilité de la procédure d’accès aux médicaments qui leur
sont prescrits, mais aussi à la modicité des pensions.
Le
président de la cellule régionale de l’Association nationale des
anciens militaires invalides du Sénégal, Masse Dieng a plaidé pour
l’allègement de ces procédures, afin de ne pas « décourager » les
bénéficiaires.
Adama
Wane, secrétaire général de l’Association nationale des anciens
miliaires invalides du Sénégal (ANAMIS) a jugé éprouvant le nouveau
procédé consistant à déposer son carnet du lundi au jeudi, pour revenir
le récupérer le vendredi. Certains doivent quitter Touba pour venir à
Thiès, afin de se faire viser leur carnet, avant de revenir les retirer.
Pape
Seydina Diop a appelé à « plus de mansuétude » à leur égard, vu que les
pensions qu’ils reçoivent sont « mauvaises ». Il a suggéré que des
médecins soient mobilisés pour consulter les invalides à domicile.
Les
invalides de la cellule de Mbour ont déploré un « problème de
signature ». Ils doivent parcourir de longues distances pour se faire
approuver leur document auprès du médecin-chef de district de Popenguine
qu’ils trouvent rarement sur place.
Les
invalides disent aussi ne pas comprendre que les médecins chargés de
viser leur ordonnance, se mettent à réduire la liste des médicaments
prescrits.
Madiop
Diop, vice-président de la cellule départementale de l’ANAMIS à
Tivaouane, a estimé que certaines maladies comme l’hypertension et le
diabète, devraient être prises en charge au même titre que la pathologie
inscrite sur leur carnet, parce qu’intrinsèquement liées à la
sédentarité causée par celle-ci.
Les invalides ont aussi plaidé pour une revalorisation de leurs pensions, jugées faibles.
Landing
Diédhiou, grand mutilé de guerre, a demandé tout simplement que les
invalides soient « alignés aux députés ». « On aimerait être alignés aux
députés, parce que nous représentons la nation au même titre qu’eux, sur
le champ de l’honneur », a-t-il plaidé.
Il
a fait part de sa « souffrance inouïe » que lui infligent des « éclats »
dans le thorax et les hanches, pendant la saison froide, il ne
s’explique pas que certaines de ses pathologies ne soient pas reconnues
et prises en charge dans son carnet.
Le
lieutenant-colonel a expliqué que la prescription des médicaments des
invalides obéit à des normes. Ils doivent correspondre aux maladies
indiquées dans leur document de prise en charge. Tout rajout de
médicament est comparable à une ordonnance de complaisance et expose le
médecin qui l’autorise à des poursuites judiciaires, a-t-il expliqué.
Concernant
la pension dont « tout le monde est d’accord qu’elle est faible », c’est
l’État qui peut la revaloriser, a précisé le lieutenant-colonel Mamour
Dieng.
Il
s’est ouvert à toutes les propositions dans un souci d’améliorer la
prise en charge, dans la limite de ses prérogatives. Par exemple,
l’augmentation du nombre de boîtes de médicaments, pour couvrir une plus
longue période est possible, a-t-il ajouté.
Marie-Hélène
Gomis, épouse de militaire invalide, a évoqué l’impact de toutes ces
frustrations sur leurs ménages respectifs, rappelant qu’elles
parviennent à gérer grâce au soutien psychologique des armées.
Fille
d’ancien militaire, elle s’est nostalgique de l’armée d’antan, dont
elle pense qu’elle était « plus bienveillante » envers ses invalides.
Aujourd’hui, ce sont les épouses qui mènent des activités économiques
pour acheter les médicaments non pris en charge par l’armée.
Louis
Ndione, blessé de guerre a préféré couper la poire en deux, en invitant
aussi ses camarades invalides à « faire des efforts » pour éviter la
fraude sur les carnets. L’ancien conseiller au ministère de tutelle a
évoqué un cas d’invalide qui, selon lui, recevait une valeur de 1,5
million FCFA par mois en médicaments.
« C’est quelle genre de maladie, ça ? », s’est-il demandé.
Il
a, dans le même moment, invité les officiers à se pencher sur les
doléances des invalides. « Demain, vous serez invalides et vous serez
parmi nous ! », leur a-t-il lancé.
« J’ai
entendu vos doléances, mais je ne vous promets pas des solutions
automatiques », a dit le commandant de la zone militaire le colonel
Boubacar Koïta, qui avait présidé la cérémonie. Il a toutefois noté que
le commandement fait de l’amélioration des conditions de vie de ses
militaires invalides et blessés, une « priorité ».
« Je
suis persuadé qu’avec cette journée qui sera désormais inscrite dans le
calendrier républicain, il y aura une amélioration progressive des
conditions de vie de nos blessés et invalides », a-t-il poursuivi. Il a
salué cette initiative qui a permis à cette frange de la famille
militaire de « dire ceux qu’ils ont dans le cœur » et d’être écoutés.
Les
armées se mobiliseront pour rester aux côtés de tous ces « blessés
physiques et psychiques ainsi qu’auprès de leur famille », a-t-il assuré.
« Le chemin sera long, mais le cap est fixé », a-t-il ajouté.
De
son côté, le colonel David Diawara, commandant l’Ecole nationale des
officiers d’active (ENOA), il a dit comprendre les griefs des invalides,
lui-même étant un blessé de guerre.
Il
les a toutefois invités à choisir les canaux indiqués pour poser les
problèmes, afin que des solutions leur soient trouvées. Il a dit avoir
« mal au cœur », quand il entend parler de militaires qui manifestent dans
la rue.
Le
commandement a dégagé une enveloppe de 60 millions de FCFA qui sera
répartie entre les catégories concernée par la journée de solidarité des
armées, a dit le commandant de zone.