Un sommet sur la situation sécuritaire
au Sahel se tient ce lundi à Pau en présence d’Emmanuel Macron et des
dirigeants du G5 (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) pour
clarifier le cadre de l’engagement français dans la région et adopter
une feuille de route commune face à une menace djihadiste persistante.Initialement
prévue le 16 décembre, cette réunion à huis clos qui se déroulera au
château de Pau (Pyrénées-Atlantiques) en fin d’après-midi avait été
annulée après une attaque, revendiquée par l’Etat islamique, contre la
base militaire d’Inates au Niger qui avait causé la mort de 71 soldats
nigériens.
Signe
d’une sécurité précaire dans la région, le Niger a été une nouvelle
fois le théâtre d’une attaque contre un camp militaire, jeudi, à
Chinagodrar, toujours dans la zone dite des “trois frontières” entre le
Mali, le Niger et le Burkina Faso, où se concentre l’essentiel des
attaques de ces derniers mois.
Les
autorités nigériennes ont fait état de 25 soldats tués et de 63
“terroristes neutralisés” mais selon quatre sources sécuritaires, le
bilan pourrait être beaucoup plus important, avec 89 soldats tués, soit
la plus lourde perte enregistrée par le Niger depuis le regain de
l’activité des groupes djihadistes en 2015.
Face
à ce “décrochage” des “armées malienne, burkinabée et nigérienne, qui
ont toutes enregistré au cours des derniers mois des lourdes pertes”, il
est urgent d’”identifier un ennemi commun, une zone prioritaire et un
modus operandi commun”, souligne-t-on à l’Elysée.
“DÉCLARATION COMMUNE”
Le sommet de Pau visera donc à “élaborer une déclaration commune”,
endossée à la fois par les pays du G5 Sahel et par la France, qui
“permettra de clarifier les attentes de nos partenaires, d’aboutir à une
convergence des objectifs”, avec une clause de rendez-vous fixée à dans
six mois, ajoute-t-on.
Au-delà du “décrochage sécuritaire” des armées locales, la France,
qui mobilise dans la région depuis 2014 quelque 4.500 soldats dans le
cadre de son opération Barkhane, attend également de ses partenaires des
prises de parole fortes face à la défiance des opinions publiques.
Ces dernières années, la présence française et celle de 13.000
casques bleus de la Minusma au Mali ont en effet été à plusieurs
reprises remises en cause par habitants et militants qui dénoncent des
“forces d’occupation” et ont organisé plusieurs manifestations,
notamment au Niger.
“Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du
Sahel que ce soit alors même que l’ambiguïté persiste à l’égard de
mouvements anti-français, parfois portée par des responsables
politiques”, a prévenu Emmanuel Macron début décembre, après la mort de
13 soldats français, évoquant pour la première fois un possible retrait
de la région.
“L’option du retrait a été mise sur la table, d’aller vers une décrue
de notre engagement au Sahel mais tout cela va être corrélé à des
jalons très précis : la mesure des résultats militaires et en miroir le
respect des engagements politiques pris par nos partenaires sahéliens”,
précise-t-on à l’Elysée. “On va se fixer des jalons très précis sur le
plan militaire et le plan politique et à l’été prochain nous procéderons
à l’examen de ces jalons. A ce moment là, toutes les options seront
ouvertes.”
Marine Pennetier, édité par Sophie Louet