[pourquoi J’ai Divorcé] Cas N° 2 : “une Histoire De Caste A Hanté Mon Ménage”

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Une histoire de caste a hanté mon ménage”
Après 11 mois de conciliabules, Amadou Bâ, toucouleur et Aminata Seck (Guéweul) convolent en justes noces contre le gré de la maman du conjoint. La belle-mère fait alors venir sa nièce qui se trouve être l’ex-copine de Amadou Bâ. Cette alliance impose deux guerres, une froide et l’autre mystique pour faire voler en éclats l’union d’un couple qui avait juré de vivre ensemble pour le reste de sa vie. 
Les barrières socioculturelles s’écroulent au fil des années. Aujourd’hui, le caste n’est plus un critère prépondérant dans les mariages. Toutefois,  il y a des poches de résistance et de persistance. Le sujet sensible a été la source d’incompréhensions et de déchirures entre les familles, ou entre les parents. A la vérité, le rejet d’une demande de mariage pour une question liée à une lignée renvoie le signe de supériorité ou d’infériorité d’une famille par rapport à une autre. Des « nobles » ne se marient pas avec des personnes issues des castes. Hier et comme aujourd’hui, ce critère est de vigueur. Il est parfois transgressé par des réformateurs de nos sociétés. Le couple Amadou Bâ (toucouleur) et Aminata Seck ( Gueweul), ont souffert avant leur union. Il a fallu du courage et de la persévérance pour imposer leur mariage à leurs parents. Après l’union, c’est une autre paire de manches. La mère Amadou a déployé toute son énergie pour que son fils ne donne pas naissance à un enfant qui viendrait ternir leur lignée. La maman s’est liguée avec sa nièce qui se trouve être l’ex-copine de son fils Amadou pour créer une tension au s**n du ménage : résultats des courses, le couple a volé en éclats. 

11 mois négociations avant le mariage 
Contrairement au nombreux projets de mariage qui ont avorté à cause du « problème » de caste, les deux amoureux ont réussi à se marier.  « Au début de notre projet de mariage, les parents de mon mari n’étaient pas d’accord car selon eux, le « mélange des classes sociales », de leur « sang » » ne leur étaient pas favorable. C’est surtout la mère de mon mari qui était la plus conservatrice. Le papa par contre, voyait ces choses comme des détails sans importance », rapporte la dame.  

Après 11 mois de négociation, les parents cèdent. L’union est scellée.  Il fallait mettre une stratégie pour arriver au bout de leur but. Deux imams ont été envoyés chez la famille Bâ pour faire le plaidoyer et pour convaincre les conservateurs. Des oncles, et un prêcheur très connu au Sénégal étaient aussi dans le coup. 
« Ma mère est décédée et c’est d’ailleurs pendant ces périodes que j’ai rencontré Ahmadou qui m’a beaucoup soutenue. Donc, quand on a projeté de se marier après deux ans de relation, mon père n’y a vu aucun inconvénient », révèle Aminata. Le jour du mariage était le plus beau jour de la vie de cette dame car c’est un défi qu’elle et son pari ont relevé face aux pesanteurs socioculturelles.   » Je me rappelle que c’était le plus beau jour de ma vie car c’était également un challenge pour nous. Cela a été aussi pour nous une réussite », confesse la jeune fille guewel (griotte) qui se dit fière de ses origines.  

Une guerre froide 

Une semaine après l’union, Aminata regagna sa belle-famille. Sa belle-famille voulait que le couple soit sous sa coupe en prétextant que les deux conjoints ont intérêt à ne pas se lancer dans le paiement des locations qui sont ruineuses.  « Ma belle-mère a fait appel à une cousine (domou badiéne) de mon mari qui a été son ex-copine, pour qu’elle s’installe aussi dans la maison. Cette dernière et sa « badiéne » ( tante)  me faisaient la guerre froide. Du matin au soir, c’était des traques. Elles me menaient vraiment la vie dure », déplore la jeune femme. 
« Mon mari a été marabouté »

En plus de la guerre froide, il y avait aussi la guerre mystique. Aminata a découvert des talismans incrustés dans les pieds de son lit conjugal. 

« J’ai alors compris la cause des sauts d’humeur, de l’agressivité de mon mari qui était devenu une autre personne. Il ne m’écoutait plus quand je lui racontais ce que j’endure. Et pour couronner le tout, il était devenu impuissant. J’ai compris qu’il a été marabouté par ma belle-mère. Cette dernière me rappelait souvent cette phrase: ‘’fi dom boudoul souniou déret doufi dioud », rapporte la jeune dame au cœur brisé. 

La rupture 

Aminata pouvait tout supporter sauf le maraboutage. Elle n’a pas le temps de faire le tour des marabouts pour se protéger. Elle opte alors pour la séparation à l’amiable. 
 » J’ai donc cordialement demandé le divorce à mon mari qui n’a pas hésité à me l’accorder. Je peux également dire que c’était aussi pour son bien parce qu’il devenait de plus en plus colérique. En prenant cette décision, je savais qu’il serait libéré », narre Aminata. Après cette séparation son ex-époux ne cessait de l’appeler. C’était trop tard. Aminata a définitivement tourné la page.