Me Madické Niang a réagi au débat sur le parrainage, qui a refait surface avec le rapport de la Mission d’observation de l’Union européenne, qui veut qu’il soit abandonné pour les prochaines élections locales. L’ancien patron du groupe parlementaire de l’opposition rappelle qu’ils n’ont pas attendu le rapport des observateurs européens pour dénoncer ce système qu’il qualifie de dangereux, antidémocratique et injuste. A Aly Ngouille Ndiaye, il conseille d’éviter les «manifestations d’orgueil», face au rapport de l’UE, en mettant en avant la souveraineté du peuple. Car, le régime, malgré la demande de l’opposition et de la société civile, avait refusé de soumettre le projet de loi sur le parrainage au peuple par un référendum, préférant le faire voter par l’Assemblée nationale, où il dispose d’une majorité mécanique.
La
Mission d’observation de l’Union européenne, qui, dans son rapport
final sur la présidentielle du 24 février dernier, a demandé qu’on
n’applique pas le parrainage aux élections locales de décembre prochain,
n’a fait que conforter l’opposition dans sa position prise depuis le
début, selon Me Madické Niang. «Nous n’avons pas attendu le rapport de
la Mission d’observation de l’Union européenne pour dénoncer ce
parrainage appliqué de la même manière aux partis politique et aux
candidats indépendants», soutient-il. Ajoutant que lui et ses alliés de
l’opposition ont toujours dit que « le parrainage portait atteinte à la
Constitution, qui place les partis politiques au- dessus des candidats
indépendants ». Ils ont également toujours dit que « le parrainage était
inconstitutionnel ». En ce sens, il souligne « qu’ils avaient même
saisi le Conseil constitutionnel, qui, malheureusement, s’est déclaré
incompétent ».
«Le système de contrôle ne repose pas sur un processus transparent».
Convaincu
que «le parrainage est un recul démocratique», Me Madické Niang note
qu’aujourd’hui, les faits ont donné tort au pouvoir et jettent à la
poubelle le parrainage. « L’histoire nous a donné raison. Le parrainage
est un filtre dangereux, parce que non seulement on impose les mêmes
règles aux partis politiques et aux candidats indépendants, mais aussi
le contrôle par le Conseil constitutionnel n’est pas fiable»,
explique-t-il. Pour Madické, c’est clair, « Le système de contrôle ne
repose pas sur un processus transparent ». Mieux il affirme que
« personne ne sait et ne peut dire comment le contrôle a été fait et
comment on a éliminé des candidats », et que « personne, non plus, ne
peut vérifier ou certifier que les signatures sur les fiches de
parrainages sont valables ou pas ». Particulièrement révolté par la
question des doublons, il trouve que « c’est la plus grave des
injustices notées. Par exemple pour le cas du candidat Malick Gakou au
deuxième tour avec 52911 parrains présentés le Conseil a décidé qu’il
y’avait 750 doublons et l’a éliminé pour environ 450 parrains manquant,
alors que la loi interdit d’éliminer les candidats pour cause de
doublons pouvant être remplacés ». Dès lors, il considère qu’en cas de
doublons, « comme le suggère l’Union européenne, on devait annuler les
parrains doubles pour tout le monde : personne ne doit tirer profit d’un
délit juste parce que vous avez déposé en premier ; tout le monde ne
peut pas déposer en même temps. ».
En
définitive, l’ancien candidat à la présidentielle, qui faisait partie
du groupe restreint des candidats qui ont passé l’étape du parrainage,
«pense que lors du dialogue politique, le ministre de l’intérieur ou le
Conseil constitutionnel doit expliquer comment le contrôle des
parrainages s’est fait», car, pour lui, «c’est toute une nébuleuse»
« Le peuple ne s’est jamais prononcé sur le parrainage. Ce sont les députés de la majorité mécanique qui en ont décidé »
Ne
lâchant pas Aly Ngouille Ndiaye, Me Madické Niang ne comprend pas sa
réaction suite à la sortie du rapport de la Mission d’observation de
l’Union européenne. «Je ne peux pas comprendre que le ministre réagisse
ainsi. Vouloir appliquer le parrainage aux locales est dangereux…»,
soutient-il. Et si aujourd’hui, le Ministre de l’Intérieur met en avant
le peuple pour l’application ou non du parrainage aux locales, le patron
de « Madické 2019 » lui rappelle que le pouvoir avait refusé de
s’adresser au peuple pour l’application du parrainage. « Je rappelle au
ministre que c’est nous qui avions demandé que s’il faut faire appliquer
le parrainage, il ne fallait pas utiliser la procédure consistant à
saisir l’Assemblée nationale, mais qu’il fallait consulter directement
le peuple, à travers un référendum. Mais le régime a choisi de passer
par sa majorité mécanique », assène-t-il. Enfonçant le clou, il
souligne : « ce n’est pas le peuple qui a voulu le parrainage. Le peuple
ne s’est jamais prononcé directement sur le parrainage. Ce sont les
députés de la majorité mécanique qui en ont décidé ». Cognant de plus
belle l’organisateur des élections, il assimile sa réaction aux
recommandations de la Mission d’observation de l’Union européenne comme
de l’orgueil : « Il faut éviter les manifestations d’orgueil. Le monde
est un village planétaire. Chacun peut apprendre de l’autre »,
conseille-t-il au Ministre de l’Intérieur. Il en veut pour preuve le
fait que le Sénégal ait « copié ce parrainage d’un pays qui n’est même
pas une référence en matière de démocratie ».