Le Comité national de
salut pour le peuple (CNSP), organe créé par les militaires putschistes
du 18 août dernier au Mali, est officiellement dissous. C’est ce
qu’indique un décret signé notamment par le président de transition et
le Premier ministre Moctar Ouane. La Communauté économique des États de
l’Afrique de l’ouest (Cédéao) avait encore récemment demandé avec
insistance la dissolution de cet organe qui renforçait le pouvoir des
militaires. Même si cette dissolution est un événement, les militaires
n’ont pas totalement disparu.Le
CNSP est désormais officiellement dissous, mais ses principaux
responsables militaires ne sont ni retournés dans les camps ni au
chômage. Par exemple, l’ex-président du CNSP, le colonel Assimi Goïta,
occupe déjà le poste de vice-président de la Transition, il est le
numéro 2 du régime. L’ancien vice-président du comité dissous, le
colonel Malick Diaw, est quant à lui, déjà à la tête du Conseil national
de transition, organe législatif. D’autres grosses pointures de
l’ex-junte occupent depuis un moment des postes régaliens au sein du
gouvernement.
Malgré
tout, la dissolution du CNSP est un évènement. Les pressions
diplomatiques de la Cédéao ont donné des résultats. Ensuite, Kati,
ville-garnison située près de Bamako et fief de l’ex-junte sera de moins
en moins une direction prisée. Par ailleurs, ici des hommes politiques
espèrent avoir maintenant des coudées plus franches avec les militaires.
Et
si tout fonctionne comme prévu, on prend un virage pour le retour des
civils au pouvoir. Les membres du Conseil national de transition
travaillent actuellement sur les textes qui doivent conduire à des
élections transparentes. Il reste à associer à ce travail une importante
partie de la classe politique malienne non représentée au CNT.
Cette
dissolution, réclamée avec insistance par la Cédéao, intervient la
veille de la visite du président Bah N’Daw à Paris (lire encadré).
Comment réagit l’opposition à cette annonce ?Il
faut que la junte militaire dessert son étau sur les institutions. nous
ne sommes pas rassurés sur leur façon de faire. Aujourd’hui, des
citoyens sont enlevés, sont empêchés de manifester, sont arrêtés, sont
séquestrés. Et ça c’est l’oeuvre de la junte militaire.
Le président N’Daw à Paris, un signal fort envoyé par la France
Le
sommet du G5 Sahel aura lieu dans trois semaines, les 15 et 16 février
prochains, à N’Djamena. Pour préparer ce rendez-vous, Emmanuel Macron
reçoit depuis mi-janvier ses homologues sahéliens. Après Idriss Déby la
semaine dernière, c’est au tour de Bah N’Daw le président de transition
de malien d’être reçu ce mercredi à l’Élysée. Cette visite inattendue
est un signal fort envoyé par la France aux nouvelles autorités
maliennes.
C’est
accompagné d’une partie de son cabinet et de son ministre des Affaires
étrangères que le président de transition malien a atterri hier à Paris.
Bah N’Daw sera reçu à l’Élysée en début d’après-midi pour un déjeuner
de travail avec Emmanuel Macron. Une entrevue qui s’inscrit dans la
lignée des rendez-vous avec les présidents Ghazouani, Issoufou et Déby,
minimise-t-on dans l’entourage du président français.
Sauf
que cette visite n’est pas si anodine. C’est la première fois que Bah
N’Daw sera reçu par le président d’un pays hors Cédéao. L’Élysée a même
décidé pour l’occasion d’ouvrir la cour du palais présidentiel à la
presse et d’officialiser sa venue par un communiqué. En l’accueillant
avec maints égards, Paris offre ainsi une sorte de reconnaissance
internationale à un président qui a été propulsé à la tête du pouvoir
malien par une junte militaire.
Y
a-t-il eu des engagements de Bamako en échange ? Les autorités
maliennes ont annoncé hier soir la dissolution du CNSP, l’organe formé
par les militaires qui avait renversé Ibrahim Boubacar Keita en août
dernier. C’était une demande de la Cédéao. En début de semaine, une
délégation ministérielle s’est rendue à Kidal pour relancer notamment
les accords de paix d’Alger. Or, Paris milite depuis des années pour
leur mise en œuvre rapide. De quoi certainement satisfaire la France à
la veille de cette visite.