Dans un entretien accordé, ce lundi, au journal français Le
Figaro, le chef de l’Etat Macky Sall a encore réitéré son appel à
«soulager» le continent africain du «fardeau de la dette». Car,
prévient-il, «une Afrique économiquement vulnérable face au Covid-19
restera une menace potentielle pour le monde».
Pour
le Président Macky Sall, dans une situation exceptionnelle, un effort
exceptionnel de solidarité est nécessaire et possible pour aboutir à
l’annulation de la dette publique africaine et à un réaménagement de la
dette privée selon des modalités à convenir. Toutefois, il pense que
«cette mesure ne devrait pas seulement être perçue sous l’angle de la
solidarité. Elle a aussi du sens du point de vue économique : Soulager
l’Afrique du fardeau de la dette, c’est aussi contribuer à sa résilience
d’acteur économique du marché mondial».
Car,
dans cet entretien avec Le Figaro, Macky Sall invite la communauté
internationale à se rendre à l’évidence. «Une Afrique économiquement
vulnérable et qui n’arriverait pas à se défaire du Covid-19 restera une
menace potentielle pour le monde. (Et), le monde ne guérira entièrement
que lorsque le virus disparaitra de tous les pays», a-t-il notamment
soutenu invitant donc à se départir du préjugé considérant l’Afrique
comme dépendante de l’aide extérieure.
«Cette
perception est fausse», martèle Macky Sall. Qui s’explique dans la
foulée: «Si je prends l’exemple du Sénégal, les envois des fonds par la
diaspora représentent plus de trois fois le montant de l’aide
internationale. Dès lors, quand des secteurs entiers sont mis à mal ou
que des millions d’emplois sont détruits dans des pays où s’activent nos
compatriotes, ce sont les envois de fonds par la diaspora sénégalaise
qui s’en trouvent négativement affectés».
«La leçon de cette pandémie, nous la connaissons déjà…»
Par
ailleurs, le chef de l’Etat dit plaider pour un nouvel ordre mondial
qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie
réelle. «La leçon de cette pandémie, nous la connaissons déjà: notre
extrême vulnérabilité, économies avancées ou émergentes. Reste à savoir
si nous la retiendrons effectivement et si du pire nous sauront tirer le
meilleur», a-t-il lancé.
Mais en attendant, le Président Sall a tenu à magnifier la solidarité interafricaine dans ce combat contre le coronavirus.
«La
solidarité est notre seconde nature en Afrique. Dès l’apparition des
premiers cas sur le continent, nous avons mis en synergie nos ressources
et nos expertises en matière de recherches et d’analyses médicales à
travers nos laboratoires dont l’institut Pasteur de Dakar et le Cdc
Afrique, qui fait la coordination sous l’égide de l’Union africaine»,
s’est réjoui Macky Sall.
Il informe également
que le 3 avril, à l’initiative de Cyril Ramaphosa, président en exercice
de l’Union africaine, une réunion a été tenue en vidéoconférence, pour,
dit-il, «dégager une position africaine commune visant à faciliter la
collaboration interafricaine dans la riposte globale au Covid-19».