Le projet des « terres neuves », est l’un des plus grands projets du
Président Léopold Sédar Senghor et l’un des plus grands jamais réalisés
dans ce pays. Les Terres Neuves (250 km²) sont situées à l’ouest de la
région de Tambacounda (Sénégal Oriental). Cette zone est comprise entre
entre la Commune de Koumpentoum au nord, l’arrondissement de
Makacolibantang au sud-est, la Gambie au sud et la région de Kaffrine à
l’ouest. Elles occupent, aujourd’hui, un espace constitué de plusieurs
villages abritant une population hétérogène.
Dans les
années 1970, avec les cycles de sécheresse qui ont secoué le monde rural
soudano-sahélien africain et sénégalais en particulier, le gouvernement
avait pris la décision de réorienter la politique agricole du pays,
principalement dans la culture arachidière, qui était à l’époque la
principale culture de rente, et les cultures céréalières, pour assurer
l’autosuffisance alimentaire. Après des études effectuées dans le bassin
arachidier (régions de Fatick, de Kaolack, Diourbel et de Kaffrine), il
s’est avéré que les sols, appauvris par des décennies de monoculture
arachidière imposée par la colonisation française, ne donnaient que de
faibles rendements même avec une pluviométrie abondante. Ainsi, la
croissance incessante de la population et l’insuffisance des terres dans
certains terroirs ont été à plusieurs reprises à l’origine de nombreux
conflits, parfois sanglants, pour accéder aux ressources naturelles.
C’est dans ce cadre que Léopold Sédar Senghor, premier Président du
Sénégal indépendant, et son gouvernement ont décidé de déplacer les
personnes des zones à revenu agricole faible vers celles fertiles et peu
peuplées du Sénégal oriental, principalement dans la zone sud de
Koumpentoum et le nord de l’arrondissement de Makacolibantang appelées
plus tard les « Terres Neuves ». Cette politique de redéploiement vers
ces nouvelles terres visait d’une part à décongestionner le bassin
arachidier où la concentration de la population conjuguée à la
dégradation des sols et à une pluviométrie aléatoire avait rendu les
conditions agricoles difficiles, et d’autre part à limiter l’exode
rural, notamment l’émigration vers Dakar.
Près de cinquante
ans après la mise en place de ce front pionnier, les fils et
petits-fils de ces « colons » ont, aujourd’hui, besoin de : Comprendre
l’histoire des leurs « Terres Neuves » ; Exprimer pleinement leur
identité culturelle tout en restant ouvert aux autres cultures ;
Travailler pour maintenir, très haut, le flambeau des valeurs cardinales
qui ont présidé à la conception du projet des « Terres Neuves ».
Ainsi, dans un contexte de brassage des cultures, ils ont décidé de
faire vivre à ces jeunes filles et garçons et durant soixante-douze
heures, du 14 au 16 juin 2019, des moments d’échanges, de communion, de
partage et de solidarité agissante à travers des manifestations telles
que : Un colloque sur l’histoire des « Terres Neuves » : présentation
historique et témoignages des « colons » ; Des prestations artistiques
(mariage et initiation traditionnelles) des différentes ethnies : Sereer
(Sine, Ndut, Noon, Saafi), wolof, Peul, etc. et des manifestations
culturelles avec des artistes de renommée.