À partir de 2020, il sera possible d’ouvrir des comptes courants
estampillés Google. Le mastodonte de la Silicon Valley rejoint ainsi les
autres géants des Gafa dans la course aux innovations dans le secteur
de la finance.
L’année 2020 pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire de
Google. Le géant de la Silicon Valley proposera en effet des comptes
courants aux particuliers, selon un article publié jeudi 13 novembre
dans le Wall Street Journal. En s’associant avec la banque américaine
Citigroup et une coopérative de crédit de l’université de Stanford,
Google
lance ainsi son projet « Cache » et part avec les autres géants des
Gafa (Apple, Facebook et Amazon) à l’assaut des banques et de la
finance.
Banques et Gafa : un échange de bons procédés
Google s’allie à Citibank pour proposer des comptes courants, Apple à
Goldman Sachs pour la carte de crédit Apple Card. Coopérer avec des
banques permet ainsi aux Gafa de ne pas gérer les épineuses questions
techniques et de réglementation, particulièrement complexes dans le
milieu de la finance.
De leur côté, les banques coopèrent avec des géants de la technologie et
tentent par là-même d’adapter leurs offres. Leur objectif étant alors
de rester concurrentielles sur un marché où elles peinent à recruter de
nouveaux clients et alors que les concurrents en ligne grandissent de
manière exponentielle. Ainsi, la néobanque N26 compte plus d’un million
de clients en France après seulement trois ans d’existence.
Certains experts voient dans le développement de plateformes de paiement
en ligne, de carte de crédit et de cryptomonnaie par les géants de la
technologie, une possible réponse à la non-bancarisation de près de la
moitié de la population mondiale.
Des alliances qui inquiètent
Ces alliances entre les banques et les mastodontes des technologies ne
manquent cependant pas d’inquiéter. Certains experts se méfient et
voient dans ces projets une potentielle menace pour les liens de
confiance qui les unissent avec leurs clients.
D’autres
pensent que les Gafa pourraient être tentés à terme d’appliquer la
célèbre citation de Bill Gates « Banking is necessary, banks are not »
(le secteur bancaire est nécessaire, les banques non) et ainsi prendre
le pas sur les banques dans le secteur de la finance. Cependant, ceci
semble actuellement n’être qu’au stade des suppositions, puisqu’un tel
projet nécessite un important arsenal juridique et des compétences
particulièrement pointues que ne possèdent pas encore les géants de la
technologie.
La question sensible des données
Des cartes de crédit par Apple et Amazon, une probable future
cryptomonnaie par Facebook et demain des comptes bancaires par Google :
petit à petit, les Gafa se diversifient et s’installent dans le secteur
de la finance. Des arrivées source de grandes craintes du côté de la
justice et des citoyens qui redoutent une récupération massive des
données bancaires des utilisateurs. Ces informations pourraient dans un
second temps être revendues à des fins publicitaires ou encore être
utilisées pour proposer des crédits à la consommation au plus proche des
besoins des clients.
Certes les Gafa se défendent, mais des doutes subsistent.
Ainsi,
Google assure qu’il instaurera une séparation entre les données
bancaires et les autres informations récoltées sur ses plateformes,
comme c’est déjà le cas avec la plateforme de paiement Google Pay, mais
la fiabilité de ses déclarations est mise à mal par l’actualité. La
veille, mardi 12 novembre, un autre scandale de gestion des données
ébranlait le mastodonte de la Silicon Valley. Le Wall Street Journal
révélait que Google avait eu accès aux informations de santé de 50
millions de patients, sans leur consentement.
Autre étau judiciaire susceptible de ralentir l’arrivée des Gafa dans le
secteur de la finance : les soupçons quant aux pratiques
anti-concurrentielles. Dans le cas de Google, l’entreprise a été
poursuivie à plusieurs reprises pour abus de position dominante,
notamment pour son système Android qui équipe plus de 90% des appareils
du marché.