À compter de mardi, 60 millions d’Italiens vont devoir rester
chez eux durant les trois prochaines semaines. Un décret, sans précédent
dans le monde, a été pris par le gouvernement afin de lutter contre la
progression du nouveau coronavirus, qui a fait plus de 400 morts dans le
pays.
« Tutti a casa » (tous à la maison),
« tout ferme »: les titres de la presse italienne résument ainsi, mardi 10
mars, le nouveau décret signé par le chef du gouvernement Giuseppe
Conte. S’étendent ainsi à toute l’Italie les mesures drastiques qui
confinaient depuis dimanche un quart de la population dans le nord du
pays.
« L’Italie toute entière deviendra une
zone protégée », a affirmé le président du Conseil des ministres sur un
ton grave lors d’un point presse au siège du gouvernement à Rome.
Tous
les Italiens devront « éviter les déplacements » sauf pour aller
travailler, pour se ravitailler ou encore pour des soins médicaux. Les
rassemblements sont également prohibés.
L’Italie,
pays membre du G7, devient ainsi le premier pays de la planète à
généraliser des mesures aussi draconiennes pour tenter d’enrayer la
progression du Covid-19. Celui-ci a déjà fait 463 morts et plus de 9.000
cas dans la péninsule.
Dès lundi soir, à Rome
ou Naples, des supermarchés ont été pris d’assaut par des Italiens
apeurés par les conséquences de ce nouveau décret.
La
Chine a certes confiné elle aussi plus de 50 millions de personnes à
leur domicile, dans le Hubei, la province d’où était partie l’épidémie,
mais aucun pays n’a pris de telles mesures à l’échelle de tout son
territoire.
Les prisons sous tension
Des
militants des droits de l’Homme ont averti, lundi, d’un risque de
rébellion généralisée dans les prisons italiennes liée aux craintes de
coronavirus, après des émeutes survenues dans plusieurs établissements
pénitentiaires qui ont fait plusieurs morts parmi les détenus.
Au
moins dix prisons du pays ont été le théâtre d’affrontements, dimanche,
à propos des mesures prises par le gouvernement visant à empêcher le
virus de p********r dans le système carcéral, notamment la suspension des
visites de proches et des permissions de sortie.
Les
autorités sanitaires italiennes ont annoncé, lundi soir, la
distribution de « 100 000 masques » dans les pénitenciers et le montage de
80 tentes pour filtrer les entrées des prisonniers pour détecter
d’éventuels cas de contamination.
Au moins
trois détenus sont morts pendant ou après les affrontements à la prison
Sant’Anna de Modène, selon le groupe de défense des droits des
prisonniers Antigone, tandis que le quotidien La Repubblica a fait état
de six décès, citant des sources policières.
Avec AFP