Quatorze personnes, dont au moins deux civils, ont été tuées en
Centrafrique le 16 février à l’intérieur d’un édifice religieux, dans
une ville située à 380 kilomètres au nord de Bangui, en marge
d’affrontements entre les forces pro-gouvernementales et les groupes
armés, a annoncé jeudi 25 février Amnesty International. «Des
témoignages, des images satellite et des analyses de photographies
confirment la mort de 14 personnes dans un site religieux à Bambari», la
cinquième ville de Centrafrique, a déclaré dans un communiqué l’ONG.
La vidéo a également permis de voir en gros plans certains de ces
cadavres, dont une femme et un enfant», poursuit l’ONG, qui estime que
les victimes «ne portaient pas de tenues militaires». «Nous ne pouvons
pas être affirmatifs sur le fait que toutes les victimes soient des
civils, mais nous sommes sûrs pour la femme et l’enfant», a déclaré à
l’AFP Abdoulaye Diarra, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty
International. «Nous demandons une enquête pour faire toute la lumière»,
a-t-il poursuivi.
Le gouvernement centrafricain avait
annoncé le 17 février la «libération totale» de Bambari et la capture de
«nombreux prisonniers», mais n’avait communiqué aucun bilan sur
d’éventuelles pertes civiles et militaires. Amnesty International
appelle dans son communiqué «les autorités à protéger les civils et
diligenter des enquêtes judiciaires indépendantes sur les abus et les
violations des droits humains perpétrés par des membres des groupes
armés et des forces de sécurité».
À la mi-décembre, six des
plus puissants groupes armés qui contrôlaient les deux tiers de la
Centrafrique, en guerre civile depuis huit ans, se sont alliés au sein
de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont lancé
une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra.
Les rebelles se sont heurtés à des forces bien mieux armées et équipées:
quelque 12.000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la
Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires
rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à
la rescousse de Touadéra et d’une armée démunie. Depuis le mois de
janvier, les forces pro-gouvernementales ont repris plusieurs villes aux
rebelles.
Amnesty International précise que les victimes
portaient des blessures issues de «la détonation d’une munition
produisant des fragments», sans donner plus de détails. «Nous n’avons
pas tous les éléments nécessaires pour déterminer la légalité ou non de
cette attaque du 16 février, mais nous tenons à rappeler à toutes les
parties au conflit que les attaques visant des cibles civiles sont
prohibées par le droit international humanitaire et que des précautions
particulières doivent être prises afin de protéger les bâtiments
consacrés à la religion et les centres de santé», a déclaré Abdoulaye
Diarra.
L’ONG Médecins Sans Frontières avait également
annoncé avoir traité une trentaine de blessés dont huit femmes et neuf
mineurs âgés entre 17 mois et 17 ans blessés par des balles et des
éclats d’obus dans les combats à Bambari. Selon Amnesty International,
«au moins deux personnes» ont été tuées par balles et six autres ont été
blessées le 11 janvier «par les forces de sécurité» dans un incident
lié au non-respect du couvre-feu imposé dans la capitale Bangui.