La direction des célèbres prix du cinéma français a annoncé jeudi
soir sa “démission collective”, quinze jours avant l’édition 2020 de la
cérémonie. L’équipe était contestée pour sa gestion opaque et la
polémique autour du réalisateur Roman Polanski.
C’est
un coup de tonnerre dans le cinéma français. Quinze jours avant la
cérémonie 2020 des César. La direction de l’académie des César a annoncé
jeudi 13 février sa “démission collective”, sur fond de crise entre
dénonciation de l’opacité de la gestion de l’académie et polémique
Polanski.
“Pour honorer celles et ceux qui ont
fait le cinéma en 2019, pour retrouver la sérénité et faire que la fête
du cinéma reste une fête, le conseil d’administration de l’Association
pour la promotion du cinéma (APC) (Académie des Arts et Technique du
Cinéma) a pris la décision à l’unanimité de démissionner. Cette
démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de
la direction“, indique l’Académie présidée depuis 2003 par le producteur
Alain Terzian.
“Cette démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de la direction“, poursuit le communiqué des César.
Le
ministre de la Culture, Franck Riester, a réagi à cette annonce en
déclarant que la future direction de l’Académie des César devra
“permettre de représenter le cinéma français dans toutes ses esthétiques
et sa diversité“.
Une assemblée générale se
tiendra après la 45e cérémonie qui se tiendra le vendredi 28 février et
sera l’occasion d’élire “une nouvelle direction pour préparer ainsi,
sous l’égide du CNC (Centre national du cinéma), les modifications des
statuts fondateurs de l’APC, et mettre en œuvre les mesures de
modernisation annoncées“.
Cette annonce choc
survient après une tribune publiée lundi soir dans Le Monde, où quelque
400 personnalités, dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Michel
Hazanavicius, Jacques Audiard, Céline Sciamma, Marina Foïs ou Agnès
Jaoui ont réclamé une “réforme en profondeur” de l’Académie des César.
Parmi
leurs reproches principaux, des “dysfonctionnements”, une “opacité des
comptes” ou des statuts qui “n’ont pas évolué depuis très longtemps” et
reposent encore et toujours sur “la cooptation”. Ils se plaignent aussi
que les membres de l’Académie des César n’aient “aucune voix au
chapitre, ni dans les fonctionnements” de l’Académie et de la structure
qui la régit, l’APC, “ni dans le déroulé de la cérémonie“.
Crise profonde
La
crise est profonde dans cette institution, créée en 1975 par le
journaliste et producteur Georges Cravenne et présidée depuis 2003 par
le producteur Alain Terzian. La liste des membres de l’Académie,
constituée de 4 700 professionnels du cinéma, est confidentielle. Pour
en faire partie, il faut avoir au moins deux parrainages et avoir
participé à au moins trois longs métrages en cinq ans.
L’Académie
est elle-même régie par l’APC, dont les membres sont les professionnels
ayant reçu un César, les anciens présidents et plusieurs personnalités,
soit 47 membres.
Elle est chapeautée par un
conseil d’administration composé des membres fondateurs, d’anciens
présidents ou de membres de l’Association, 21 personnes au total, parmi
lesquelles les cinéastes Costa Gavras, Claude Lelouch ou Tonie Marshall.
Mais,
regrette la tribune, “les statuts ne permettent pas qu’un nouveau
membre de l’association soit élu par l’intégralité des 4 700 membres“.
Les
premiers signes de la crise étaient apparus mi-janvier, à l’occasion du
dîner des candidats aux nominations pour les César du meilleur espoir.
La Société des Réalisateurs de Films (SRF) s’était indignée que
l’Académie ait refusé deux marraines pour des espoirs, la romancière
Virginie Despentes et la réalisatrice Claire Denis. Elle avait dénoncé
“des agissements opaques et discriminatoires indignes“, soutenue par
plusieurs réalisateurs et acteurs.
Avec RFI et AFP